ÉDUCATION. Alors que la plupart de ses congénères profitent des plaisirs de la jeunesse, Shannon Picardo lève des fonds, cherche des collaborateurs et développe son activité sans relâche. À 22 ans, le fondateur de Schoolmouv est un jeune à contretemps certes, mais bien dans son époque.
Parmi les tout récents bacheliers, certains lui doivent probablement une partie de leur réussite. Mais pendant qu’eux savourent ce succès bien mérité, Shannon Picardo, lui, ne relâche pas la pression. Pourtant seulement âgé de quelques années de plus, le jeune homme a déjà un emploi du temps de chef d’entreprise. Coincé à Paris en raison des grèves aériennes, le fondateur de Schoolmoov, plateforme de soutien scolaire en ligne, trouve tout de même un moment pour retracer son parcours. Avec une lucidité et une sérénité loin de trahir ses 22 bougies au compteur. Né au Portugal d’un père portugais et d’une mère française, Shannon Picardo débarque dans l’Aveyron à trois ans. Il y fera toute sa scolarité jusqu’au lycée, retournant trois fois par an au pays. Au Portugal, il constate l’ascension de son père resté sur place, coiffeur aujourd’hui à la tête d’une des plus grosses chaînes de salons du pays. « Ma mère, elle, a passé beaucoup de temps à nous élever moi et mon frère tout en faisant différents métiers notamment dans l’enseignement », raconte le jeune homme. Dès le lycée, il se sent l’âme d’un entrepreneur. « Je notais des idées de projet dans un carnet. Je ne me souviens pas de ce que j’y écrivais, mais il y avait sûrement de tout et n’importe et quoi », s’amuse-t-il.
« Je sais que je n’ai pas la vie normale des gens de mon âge »
Alors que le monde de l’entreprise est souvent présenté comme un enfer administratif, Shannon Picardo estime appartenir à une génération Internet pour qui « monter sa boîte » n’a jamais semblé aussi facile. LA bonne idée, c’est en révisant son bac qu’il la trouve : un site Internet de vidéos de soutien scolaire. « C’est tout bête, ça me semblait tellement évident que la première chose que j’ai faite est de vérifier si ça existait. Et j’ai été très étonné de ne rien trouver hormis quelques vidéos ». Le bac en poche, il intègre donc la Toulouse Business School avec une idée bien précise. Et avec son sourire de Tom Cruise dans Risky Business sans le côté flambeur, il parvient à convaincre « les bonnes personnes » ainsi que les banques de l’accompagner. Trois ans après sa création, Schoolmouv a déjà séduit 120 000 élèves. Ce qui n’empêche pas le jeune PDG aux airs de vieux routier de tirer un bilan mitigé : « avec la naïveté des débuts, je pensais que ça irait beaucoup plus vite. C’est plus dur que prévu, mais le bilan c’est aussi la fierté de toutes les compétences acquises ». Des réjouissances qui suffisent pour l’instant à celui qui a mis sa vie de jeune adulte en suspens. « Je sais que je n’ai pas la vie normale des gens de mon âge, mes amis sont en train de finir leur master, il y a un gros décalage. Je dois résister à beaucoup de tentations, c’est frustrant, mais je l’ai choisi », souffle-t-il avec une maturité certes étonnante, mais loin d’être innée. « Je n’avais pas plus le sens des responsabilités qu’un autre. C’est venu comme un engrenage, par obligation, au fur et à mesure que j’embarquais des gens avec moi. J’ai vendu du rêve, j’assume ». L’ascète espère tout de même bientôt se remettre au sport. Son souhait en attendant : continuer à aider des milliers d’élèves plutôt que de devenir le nouveau Marc Zuckerberg.
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