HÉRITAGE – En organisant les Journées du matrimoine du 15 au 17 septembre, un collectif d’associations toulousaines souhaite mettre un coup de projecteur sur des femmes d’exception qui ont marqué l’histoire culturelle et politique de la Ville rose et restent pourtant méconnues du grand public.
Les journées du patrimoine, ses visites de grands monuments ou des coulisses de la mairie… Prenant le contre-pied de ce rendez-vous bien rodé, un collectif d’associations toulousaines composé du Mouvement hommes-femmes Midi-Pyrénées, de La Petite et d’Osez le féminisme 31, a décidé de rendre hommage aux femmes en organisant des Journées du matrimoine.
« 95 % des biens artistiques constituant notre mémoire culturelle sont issus d’hommes. À Toulouse, de nombreuses femmes ont façonné l’histoire de la ville et nous en entendons rarement parler », souligne Laura Atteia du Mouvement homme-femme Midi-Pyrénées qui promeut la parité dans les milieux de l’art et de la culture. Nées en Île-de-France voilà quatre ans, les “Journées du matrimoine” veulent réhabiliter l’héritage historique des femmes. Le chiffre est ancien mais révélateur : en 2014, 2% des rues françaises portaient le nom de femmes.
Pour cette 3e édition toulousaine, les organisateurs ont choisi de partir sur les traces de personnalités vivantes. Nathalie Vinot, comédienne, chanteuse et metteuse en scène, jouera les guides afin de faire découvrir les parcours hors normes de quatre grandes personnalités toulousaines. La visite oscillera entre explications historiques et performances artistiques de danse, de chant ou de cirque. « Le but est de faire entrer en résonance ces personnalités avec le travail d’artistes actuelles », souligne Maryline Vaurs du mouvement HF Midi-Pyrénées.
Parmi les Toulousaines mises à l’honneur au cours de ces déambulations, Angelita Del Rio Bettini s’est par exemple illustrée par un geste de rébellion lors d’une visite du maréchal Pétain en 1940 à Toulouse. Elle fut ainsi à l’origine du premier acte de résistance dans la Ville rose. Le procédé inventif de cet acte de bravoure sera dévoilé au moment de la visite. «La plaque qui lui rend hommage est très discrète et son nom figure parmi ceux d’hommes », soulignent Géraldine Borghi et Cyril Vera-Coussieu, les deux danseurs de la compagnie Filao qui lui rendront hommage.
Au cours de la déambulation dans les rues de Toulouse, les visiteurs feront aussi connaissance avec l’histoire de Mady Mesplé, née à Toulouse en 1931 et devenue soprano à la carrière internationale. « Elle a fait le choix de privilégier sa carrière professionnelle. Pour une femme de cette génération, c’est très fort », lance Chloé Caillat, danseuse de la compagnie MMCC qui proposera une création originale pour l’occasion aux côtés de la compagnie Trauma et de Julie des Trash Croutes. Federica Montseny, intellectuelle et militante anarchiste espagnole, Raymonde Carasco, écrivaine et cinéaste, seront aussi mises en avant.
Et toujours dans une volonté de jeter un pont entre femmes du présent et du passé, vendredi, la soirée d’inauguration mettra un coup de projecteur sur la scène féminine locale à l’occasion d’une Pecha Kucha night. Une dizaine d’artistes viendront toutes les 6min40 présenter leur travail. Le tout suivi d’un DJ set… 100% féminin bien sûr.
Soirée d’inauguration vendredi à 19h30 au Musée Paul Dupuy.
Visites gratuites le samedi à 17h et dimanche à 11 h et à 16 h, rendez-vous devant le Musée des Augustins.
En parallèle, et en collaboration avec ces “Journées du matrimoine”, le Musée départemental de la résistance et de la déportation propose une exposition baptisée “1936-1946, une décennie pour l’égalité”. 12 panneaux, reviennent, grâce à des documents et photographies d’archives souvent inédits, sur le sort des femmes sous Vichy et leur engagement dans la résistance. Rendez-vous samedi 16 et dimanche 17 septembre à 10h30. Visite suivie d’un échange sur l’actualité de l’égalité femmes-hommes.
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